I- Les Légendes Arthuriennes en Vendée
Les légendes arthuriennes ont une présence intrigante même en Vendée, bien que leur lien avec cette région puisse sembler surprenant à première vue. Pourtant, des récits locaux, des toponymes et des éléments du folklore régional peuvent parfois révéler des échos des aventures du Roi Arthur et de ses chevaliers. Par exemple, certaines versions de la légende de la Table Ronde suggèrent des voyages des chevaliers vers des contrées lointaines, ce qui pourrait inclure des régions comme la Vendée dans leurs périples légendaires. En explorant ces récits, nous pouvons découvrir comment les légendes arthuriennes se sont adaptées et ont trouvé leur place dans diverses régions, enrichissant ainsi le patrimoine culturel local.
II - Mélusine et La légende du Roi Arthur
La légende de Mélusine, bien que distincte de celle du Roi Arthur, peut être étudiée dans le contexte plus large de la littérature médiévale européenne, où plusieurs récits et figures mythiques se croisent et s'influencent mutuellement. Certains chercheurs ont suggéré des parallèles entre Mélusine et certains aspects des légendes arthuriennes, comme la dimension magique et la thématique de l'héritage familial. Étudier ces connexions peut offrir une perspective fascinante sur la manière dont les motifs et les archétypes se répandent et se transforment à travers les différentes traditions littéraires.
Effectivement, dans certaines versions et adaptations modernes de la légende de Mélusine, il est parfois suggéré que sa mère est la sœur de la Fée Morgane. Cette connexion familiale est souvent utilisée pour enrichir l'histoire de Mélusine en la reliant à d'autres figures célèbres de la mythologie arthurienne. Cependant, il est important de noter que cette relation n'est pas une caractéristique universelle des récits traditionnels sur Mélusine, mais plutôt une création plus contemporaine ou une interprétation personnelle de certains auteurs.
a) Qui est Mélusine ?
L'histoire de Mélusine est l'une des légendes les plus fascinantes de la littérature médiévale européenne. Selon la tradition, Mélusine était une femme à moitié-fée, souvent décrite comme une créature aquatique dotée de pouvoirs magiques. Son histoire la plus célèbre est racontée dans le récit médiéval "La Chronique de Mélusine", écrit par Jean d'Arras au XIVe siècle.
Selon cette chronique, Mélusine était la fille de la Fée Pressine et du roi d'Écosse Elinas. À sa naissance, sa mère lui impose un certain nombre de règles strictes, notamment celle de ne pas être dérangée pendant qu'elle prenait son bain. Cependant, un jour, son père enfreint cette règle et découvre son apparence de fée, avec un corps moitié femme, moitié serpent. Choquée et blessée par cette intrusion, Mélusine quitte le royaume de son père pour se réfugier dans une forêt enchantée.
Plus tard, Mélusine rencontre le chevalier Raymondin, seigneur de Lusignan, alors qu'il est perdu dans la forêt. Elle l'aide à retrouver son chemin et ils tombent amoureux. Cependant, elle lui impose une condition : il ne doit jamais la voir le samedi, jour où elle se transforme en serpente.
Raymondin accepte ces conditions et ils se marient. Mélusine lui donne de nombreux enfants et construit un château pour sa famille, le château de Lusignan. Cependant, au fil des années, Raymondin devient curieux et finit par violer le pacte en la surprenant pendant sa métamorphose. Choquée et trahie, Mélusine quitte son mari et ses enfants, en condamnant le château à la ruine.
b) L'histoire de la Fée Morgane
Dans la plupart des récits, Morgane est la demi-sœur d'Arthur, fille de la Fée Viviane (ou de sa sœur, selon les versions) et du Duc Gorlois de Cornouailles. À la mort de son père, Morgane est élevée à la cour d'Arthur et devient une figure influente à Camelot. Elle possède des connaissances en magie et en sorcellerie qui lui confèrent un pouvoir considérable.
Morgane est souvent présentée comme une antagoniste dans les légendes arthuriennes, cherchant parfois à renverser Arthur ou à causer sa chute. Elle est parfois associée à des actes de trahison et de manipulation, mais elle est également une figure complexe, souvent motivée par des désirs de vengeance ou de justice.
Cependant, certaines versions plus récentes des légendes arthuriennes réinterprètent Morgane de manière plus nuancée, la présentant comme une femme incomprise ou même comme une héroïne tragique.
Podcast Aliénor d'Aquitaine et La Légende du Roi Arthur
Le rapport avec la Vendée ?
Le Bassin Armorique, une région géologique située dans le nord-ouest de la France, est le cadre de nombreuses légendes et histoires, dont certaines sont liées à la forêt de Mervent-Vouvant.
Mervent-Vouvant, située dans le département de la Vendée, est une forêt ancienne imprégnée de mystère et de folklore. Elle est souvent associée à des légendes locales et à des récits médiévaux, notamment en raison de sa beauté naturelle et de son ambiance envoûtante.
Bien que la forêt de Mervent-Vouvant ne soit pas directement liée aux légendes arthuriennes, elle est riche en histoire et en traditions locales qui peuvent se chevaucher avec des récits plus largement connus. Dans cette région, il est possible de trouver des toponymes, des sites historiques et des contes populaires qui témoignent de la richesse du patrimoine culturel régional.
Les histoires de la forêt de Mervent-Vouvant peuvent inclure des éléments de magie, de féerie et d'aventure, offrant ainsi aux visiteurs et aux habitants une expérience immersive dans un monde de légendes et de mystères.
https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/fontenay-le-comte-85200/vendee-la-foret-de-mervent-approchee-par-la-federation-internationale-des-forets-legendaires-b21d5f54-5516-11ec-882e-3319b2f7c6b6
Mélusine, avec son héritage féerique et ses transformations magiques, et Morgane, avec son savoir en sorcellerie et ses intrigues politiques, partagent en effet certaines caractéristiques qui pourraient évoquer une parenté mythique.
La Fée Mélusine Historiquement ?
La première mention connue de Mélusine remonte au 14ème siècle dans le récit de Jean d'Arras intitulé "La Chronique de Mélusine". Ce récit présente Mélusine comme une femme à moitié-fée dotée de pouvoirs magiques, et raconte son histoire d'amour avec le chevalier Raymondin de Lusignan.
Cependant, il est peu probable que Mélusine ait été une figure historique réelle. Elle est largement considérée comme un personnage de fiction créé pour captiver l'imagination des lecteurs médiévaux. Les histoires de Mélusine se sont répandues à travers l'Europe et ont été adaptées dans différentes langues et traditions littéraires au fil des siècles.
Bien que Mélusine ne soit pas une figure historique à proprement parler, son histoire continue d'inspirer des artistes, des écrivains et des chercheurs, et elle demeure un symbole puissant de la magie, de la féminité et de la dualité humaine dans la littérature et la culture européennes.
Mélusine à Vouvant - 85
Mélusine est également associée à la ville de Vouvant, située dans la région de la Vendée en France. Selon la légende locale, Mélusine aurait joué un rôle dans la fondation de Vouvant.
La légende raconte que Mélusine aurait construit une tour dans la ville, connue sous le nom de "Tour Mélusine" ou "Tour de la Fée". Cette tour aurait été érigée en une seule nuit grâce aux pouvoirs magiques de Mélusine. Elle aurait également protégé la ville contre les attaques et les malheurs grâce à ses charmes magiques.
Mélusine et la "Tour Mélusine
Ce que dit la légende
La fée Présine épouse Élinas, roi d’Albanie, et lui fait promettre de ne jamais la voir lors de ses couches. Mais le roi brise l’interdit, Présine disparaît alors avec ses enfants, Mélusine, Mélior et Palestine. Plus tard, en apprenant ce que leur père a fait, les trois enfants enferment ce dernier dans une montagne. Furieuse, Présine maudit ses trois filles. Ainsi, Mélusine reçoit une malédiction faisant d’elle une femme-serpent tous les samedis. Si elle épouse un homme qui respecte de ne pas chercher à la voir lors de ses transformations, alors elle pourrait lui apporter une noble descendance et vivre normalement.
Un jour, le chevalier Raymondin tue accidentellement son oncle, le comte de Poitiers, lors d’une partie de chasse. Désespéré, il arrive près d’une fontaine où se tiennent trois jeunes femmes. L’une d’elles, Mélusine, s’approche de Raymondin, le réconforte et lui promet qu’elle pourrait l’innocenter, lui apporter richesses, gloire et descendance prestigieuse s’il consent à l’épouser. Subjugué par sa beauté, le chevalier accepte sans hésiter. Mélusine donne cependant une condition à son futur époux : il ne doit pas chercher à savoir ce qu’elle fait, ni où elle est, les samedis. Le chevalier s’y engage par serment.
Geoffroy incendiant Maillezais (à gauche) et Raymondin accusant Mélusine qui s’évanouit de désespoir (à droite), XVe siècle (miniature d’une version attribuée à Coudrette) © Crédit : gallica.bnf.fr – BnF
Après leur union, la fée bâtisseuse construit de nombreux édifices pour Raymondin, dont les châteaux de Vouvant et Lusignan. Elle donne également naissance à dix enfants. Les huit premiers présentent chacun une particularité sur le visage, signe de leur origine merveilleuse. Par exemple, Geoffroy a une dent de sanglier qui lui sort de la bouche tandis qu’Antoine a une patte de lion sur la joue.
Mais tout cela, richesses et famille, font naître des jalousies autour du couple. Et un jour, le comte de Forez se moque de la confiance que son frère Raymondin apporte à Mélusine, et lui dit que celle-ci lui cache quelque chose. Hors de lui, Raymondin part espionner la fée qui s’était alors enfermée dans sa tour comme chaque samedi. Le chevalier rompt ainsi son serment et aperçoit les jambes de Mélusine, transformées en queue de serpent burelée d’argent et d’azur (en référence aux armoiries des Lusignan). La suite de la légende n’est pas la même selon la version du roman :
- Soit Raymondin avoue sa trahison, incitée par son frère, à son épouse ;
- Soit Raymondin garde sa trahison secrète avant de dévoiler publiquement que Mélusine est une « très fausse serpente » après que Geoffroy la Grand’Dent ait brûlé l’abbaye de Maillezais.
Mélusine, en dragon, survolant le château de Lusignan © Crédit : Les Très Riches Heures du duc de Berry, XVe siècle
La conclusion est toutefois la même puisque la fée, trahie, voit sa malédiction s’accomplir pour le reste de sa vie. Transformée à tout jamais, elle s’envole par la fenêtre de sa tour en lançant des hurlements de désespoir. Depuis cet instant, la légende raconte qu’elle survole ses constructions et pousse des cris à chaque fois que ses châteaux changent de propriétaire ou pour annoncer la mort prochaine de l’un de ses descendants…
https://www.vouvant-vendee.fr/lesprit-vouvant/la-legende-de-melusine/